Le Manuscrit de Pommard

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© Pierre-Yves Denizot

Les lieux célèbres du Manuscrit de Pommard en Bourgogne

Le château de la Commaraine à Pommard

Combien de fois, enfant, ai-je mis les pieds au Château du Clos de la Commaraine ? Il me serait impossible de le dire avec certitude. Des après-midis de vendanges passés entre les cuves en bois et le bureau des vignerons à mesurer la densité du cru de l’année en fermentation aux visites prestigieuses (Club Ferrari, Reine Mère d’Angleterre…) en passant par les moments de détente au bord de la piscine (où j’ai appris à nager), ce château fait partie intégrante de ma vie d’enfant. C’est donc avec respect et humilité que j’ai décidé d’y situer plusieurs scènes de mon roman.

L'Hôtel Dieu à Beaune

L’Hôtel Dieu de Beaune, joyau, écrin édifié en cœur de la ville de Beaune, est l’un des lieux les plus importants de l’Enigme du Manuscrit de Pommard. Vu d’en haut, ce qui impressionne certainement le plus est l’arrangement du toit en tuiles émaillées et non vernissées comme on peut le lire dans presque tous les descriptifs du bâtiment* inspirées de motifs d’origine ottomane ou d’Europe centrale (Pologne). Les motifs géométriques sont réalisés avec seulement quatre couleurs (rouge, brun, jaune et vert), sur trois côtés seulement de l’édifice, la partie sur rue étant en ardoise grise afin de ne pas trop attirer les regards.

  • les tuiles vernissées sont simplement recouvertes d’un verni alors que les tuiles émaillées sont d’abord enduites d’émail puis cuites avant d’être vernies ce qui les rend plus brillantes.

Le site web officiel des Hospices de Beaune

L'abbaye de Cîteaux

Avant de symboliser l’abbaye emblématique des cisterciens, Cîteaux représenta, pour l’enfant que j’étais, un lieu où l’on allait les dimanches après-midi avec mes parents quand on s’ennuyait, qu’il n’y avait rien à la télévision, qu’il pleuvait ou que l’on voulait emmener des amis acheter du fromage (et quel fromage !). Pour moi, il n’y avait rien à voir là-bas (ceci n’est pas totalement faux d’ailleurs). Trente minutes d’une route sinueuse depuis le domicile familial pour tomber sur des moines un peu lents d’esprit (c’est ce que je pensais à l’époque), des vaches et des touristes. Heureusement, tout ceci a bien changé. Cîteaux, aujourd’hui, m’inspire, à la fois, respect et désillusion : le respect face à la magnificence des lieux pendant 700 ans (Bernard de Clairvaux, le fondateur de l’abbaye, n’a cependant pas réussi à maintenir son ordre dans la pauvreté comme prônait Saint Augustin) et la désillusion de voir l’une des plus belles abbayes d’Europe réduite à presque rien par les excès pas toujours suffisamment dénoncés de la Révolution Française.

Le site web officiel de l’Abbaye de Cîteaux

Le Corton Charlemagne

L’Empereur Charlemagne en personne se serait damné pour boire ce vin, l’un des seuls vins blancs de Bourgogne (avec le Montrachet) que l’on puisse sérieusement songer à conserver dans sa cave pendant plus de vingt ans. La légende dit que l’une des 5 épouses successives de Charlemagne, outrée par les taches de vin rouge qui ornaient la barbe de l’Empereur, a fait arracher cette vigne pour la planter en blanc. Confisquée par Charles Martel (le grand-père de Charlemagne), la vigne a été rendue aux religieux de Saulieu par ce dernier. D’où le nom…

Situé au nord de la Côte de Beaune, le vin blanc du Corton Charlemagne est l’un des plus connus de Bourgogne (avec le Montrachet, situé au sud de la côte). Cette renommée, en dehors du fait que ce cru porte le nom de l’un des plus célèbres empereurs de l’Histoire, est due à une situation géographique très particulière. Comme on peut le voir sur les différentes images présentées dans cette page, le Corton Charlemagne est facilement repérable de loin. Entièrement situé sur une sorte de mamelon couronné d’une forêt (car le terrain au sommet n’est pas favorable au développement de la vigne), il semble dominer de toute sa majesté la combe entre Pernand-Vergelesses et Aloxe-Corton puis, toute la côte en direction du sud jusqu’à Pommard. Cerné par les cépages de vin rouge, le coteau du Corton-Charlemagne est l’un des mes lieux privilégiés de balade pour la beauté de son paysage.

Le château du Clos de Vougeot

Aujourd’hui transformé en symbole festif de la Bourgogne viticole (le château accueille les célèbres chapitres de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin aussi bien que des manifestations diverses allant du colloque aux mariages), on oublie parfois qu’il représenta d’abord l’un des fleurons de la mainmise cistercienne sur la Bourgogne et ce jusqu’à la Révolution Française. Propriété de la célèbre confrérie depuis 1944, il est classé monument historique depuis 1949. C’est dans cet écrin que Roland se rend, accompagné de son précepteur l’Abbé Dussart afin d’y faire pénitence.

Une dizaine de fois par an, la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, propriétaire du château, organise une soirée appelée « chapitre » (on peut, par exemple, citer celui de la rose, de la Saint Vincent ou de la Saint Hubert). De prestigieux invités (ambassadeurs, ministres, médecins, artistes, sportifs…) auxquels se mêlent des Bourguignons pure souche sont intronisés chevalier ou commandeur. C’est, à chaque fois, l’occasion de déguster de merveilleux vins accompagnés de mets succulents sous le double patronage de Bacchus et Rabelais, le tout rythmé par les chansons bourguignonnes.

Le site web officiel du château de Clos de Vougeot

Le château de Commarin

C’est l’un des hauts lieux de la Bourgogne où, grâce aux relations de Monsieur Jérôme, Gabrielle cherche à glaner quelques informations sur Roland de Dinteville. Magnifique demeure remaniée à plusieurs reprises, le château de Commarin demeure un fleuron de l’architecture bourguignonne. Girard de Vienne, Seigneur de Commarin, acquit le château à Pommard en 1526. C’est dire les liens anciens qui existent entre le fief de Commarin et celui de la Commaraine à Pommard. Dans le roman, Gabrielle s’y rend afin de rencontrer le propriétaire actuel qui est susceptible de détenir des informations sur Roland…

Le site officiel du château de Commarin

La Tour Jean Sans Peur à Paris

A ses pieds, l’aventure entre Nicolas et Gabrielle commence par un matin glacial de décembre. La tour Jean Sans Peur représente le dernier vestige de la résidence parisienne des Ducs de Bourgogne. Abandonnée, reconvertie en dépôt, usine, squatt, démantèlement quand le roi de France (François premier en l’occurrence) décide de faire passer une rue en plein milieu du domaine, histoire d’asseoir sa supériorité, la tour a eu un parcours plutôt mouvementé. Un peu comme la vie de Gabrielle, non ?

Le site officiel de la Tour Jean Sans Peur

La bataille d'Anghiari

Qu’est-ce qui fait courir Gabrielle ? Les cartons de la Bataille d’Anghiari de Léonard de Vinci, évidemment ! Mais, au fait, qu’est-ce qu’un carton ? Où se trouve Anghiari ? Que s’est-il passé dans ce village italien ? Et pourquoi les documents recherchés représentent-ils à l’art de la Renaissance ce que serait l’Arche d’Alliance pour un archéologue ou une bouteille de Romanée-Conti 59 pour un amateur de Bourgogne ?

Anghiari est un village de Toscane, dans la province d’Arezzo (voir image ci-contre, Anghiari en hiver). La  paisible bourgade compte près de 6000 âmes et est surtout connue non pas pour sa bataille qui a vu la victoire (plutôt anecdotique selon les historiens) des Florentins sur les Milanais le 29 juin 1440, mais pour le mythe qui entoure la fresque évoquant cet épisode que Léonard de Vinci s’était engagé à peindre dans la salle des Cinq Cents du Palazzo Vecchio à Florence. Tout commence en 1505 lorsque que gonfalonier (l’équivalent du maire) de Florence commande, pour décorer les murs de la toute nouvelle salle du Palazzo Vecchio, deux fresques devant glorifier le passé militaire de Florence. Sur le premier mur, Michel-Ange devait représenter la Bataille de Cascina qui vit, en 1364, les Florentins battre les Pisans. Sur le mur d’en face, Léonard de Vinci était censé représenter une fresque de la Bataille d’Anghiari.

Le Palazzo Vecchio à Florence
  • 24 octobre 1503 : Léonard de Vinci reçoit la clé de l’atelier où il va réaliser le carton de la Bataille d’Anghiari.
  • Mai 1504 : il signe un contrat avec la ville de Florence qui prévoit notamment des paiements échelonnés.
  • 30 août 1504 : il reçoit du matériel et des couleurs en grandes quantités.
  • 1504-1505 : travaux préparatoires à la réalisation de la fresque : outre le carton, réalisation de très nombreux dessins à la plume, au crayon ou à la craie ; rédaction de notes à l’intention de ses assistants.
  • Avril 1505 : Léonard de Vinci achève le carton de la « Bataille ».
  • Mai 1505 : Léonard et son équipe passent à la réalisation de la fresque.
  • Été 1505 : ils mettent la dernière main à la réalisation de la fresque ; un accident de séchage détériore une partie de l’oeuvre.
  • 30 mai 1506 : Léonard est autorisé à interrompre son travail pour se rendre à Milan. Par contrat, il s’engage à revenir avant trois mois. Passé au service des Français, il n’achèvera jamais la fresque.

De la fresque sur la bataille d’Anghiari, il ne reste plus rien aujourd’hui. Avant même qu’elle ne soit achevée, la peinture se détériore. Il semble que Léonard ait voulu expérimenter une recette d’enduit trouvée dans un ouvrage rédigé par Pline l’Ancien (23 – 79 ap J.C). On raconte que les couleurs se seraient mises à ruisseler après qu’il ait allumé un feu au pied du mur pour en accélérer le séchage. Découragé, déconsidéré, moqué par Michel-Ange (qui n’acheva pourtant pas davantage la fresque dont il était chargé), Léonard abandonne son travail. Il subsiste pourtant de la Bataille d’Anghiari :

  •      – de nombreux croquis préparatoirs réalisés par Léonard de Vinci et les notes qu’il a rédigées à l’intention de ses assistants.
  •      – une esquisse peinte connue sous le nom de Tavola Doria, attribuée parfois à Léonard, qui représenterait la scène centrale – la lutte pour l’étendard – et serait restée visible durant de nombreuses années.
  •      – une copie de cette scène exécutée par Peter Paul Rubens (attribution contestée).

« Tu feras les vaincus et les battus pâles, avec les sourcils levés à leur conjonction ; et qu’il y ait sur les deux côtés du nez quelques rides qui montent en arc depuis les narines jusqu’aux coins des yeux. Les narines montent – c’est ce qui cause ces plis – et les lèvres arquées découvrent les dents supérieures ; les mâchoires s’écartent pour un cri douloureux. […] Tu en feras d’autres, criant, la bouche ouverte et fuyant. »

Léonard de Vinci – note à l’attention de ses assistants sur la fresque de la Bataille d’Anghiari

Si Léonard de Vinci n’a jamais terminé sa fresque du Palazzo Vecchio et que la partie réalisée à grand peine ne semble avoir résisté que peu de temps, il subsiste de nombreux dessins, esquisses et descriptions réalisées par le maître lui-même. Les sources les plus précieuses se trouvent probablement dans les célèbres carnets rédigés par Léonard tout au long de sa vie et dont Francesco Melzi a hérité. Vous trouverez ci-dessous un aperçu des projets de Léonard pour décorer l’immense mur de la salle des Cinq Cents. Il y a de quoi avoir des regrets ! Tous les dessins ci-dessous sont attribués à Léonard en personne.